Métacognition

Définitions

La métacognition désigne généralement les processus mentaux qui nous permettent de prendre du recul sur nos propres activités mentales - qu'il s'agisse de mémoriser, de réfléchir ou de réguler nos émotions - en mobilisant des connaissances sur soi et des stratégies d'action.

Autrement dit, c'est la conscience et le contrôle que nous avons de nos représentations et de nos actions. On parle souvent de "penser la pensée". Le modèle le plus utilisé pour comprendre ce phénomène est celui de Nelson & Narens (1977). Il distingue quatre composantes :

  1. La tâche : c'est l'activité sur laquelle porte notre réflexion. Par exemple, parler avec une amie.
  2. La conscience métacognitive : c'est la capacité à s'auto-évaluer pendant que l'on réalise la tâche. Dans notre exemple, se demander : "Est-ce que ce que je raconte l'intéresse ?"
  3. La représentation métacognitive : c'est l'interprétation que l'on se fait de la situation. Par exemple : "Je pense que je l'intéresse, car elle me pose des questions à ce sujet."
  4. Le contrôle métacognitif : ce sont les actions mises en place pour influencer la situation. Ici, cela pourrait consister à demander explicitement à son amie si elle souhaite continuer sur ce sujet ou en changer.

Ce modèle montre que nos capacités métacognitives sont directement liées à l'activité en cours. Si je continue à parler sans me demander si mon amie est intéressée, je risque de l'ennuyer sans m'en rendre compte.

Le modèle de la métacognition selon Nelson et Narrens (1977)

La métacognition, c'est aussi la gestion de l'incertitude

La métacognition implique également la capacité à douter de ses propres pensées. Dans certaines situations où il n'est pas possible d'être certain, douter est une attitude plus raisonnable que d'affirmer. Par exemple, si une personne me regarde de façon étrange dans le bus, je peux d'abord penser qu'elle cherche à me transmettre un message. Mais je peux aussi remettre en question cette interprétation et envisager une alternative : peut-être regarde-t-elle simplement dans le vide, sans intention particulière. Cette capacité à questionner ses pensées permet d'éviter les conclusions hâtives.

Métacognition et Santé Mentale

Dans le champ de la santé mentale, des altérations métacognitives ont été décrites dans un large éventail de troubles. Par exemple, dans les troubles anxieux et dépressifs, des croyances métacognitives dysfonctionnelles sur les pensées - telles que leur dangerosité ou leur incontrôlabilité - alimentent les boucles de rumination et d'inquiétude.

Dans les troubles psychotiques, les difficultés à reconnaître l'origine interne d'expériences mentales ou à élaborer des représentations intégrées de soi et d'autrui contribuent à la formation et au maintien des symptômes positifs et à la désorganisation du vécu subjectif. Dans les troubles de la personnalité, c'est souvent la capacité à articuler les états mentaux dans des situations interpersonnelles complexes qui se trouve compromise, rendant la régulation émotionnelle et relationnelle plus difficile.

À l'inverse, un niveau plus élevé de capacités métacognitives est associé à une meilleure flexibilité psychologique, une tolérance accrue à l'incertitude, et une régulation émotionnelle plus efficace. Il favorise également l'autonomie dans la prise de décision, la capacité à se distancier de ses pensées automatiques, et la possibilité d'ajuster son comportement de façon cohérente avec ses objectifs.

Ces observations expliquent pourquoi la métacognition est devenue une cible thérapeutique majeure dans plusieurs approches contemporaines, telles que la Metacognitive Therapy, la Mentalization-Based Treatment ou la Metacognitive Reflection and Insight Therapy (MERIT). Toutes partagent l'hypothèse que améliorer la façon dont une personne comprend et utilise ses états mentaux peut transformer son rapport à la souffrance psychique et renforcer sa capacité d'adaptation.

Dans cette perspective, la métacognition n'est pas seulement une compétence cognitive : elle constitue un mécanisme fondamental permettant à l'humain d'interpréter son expérience, de réguler ses émotions et de maintenir une continuité du self, dimensions qui sont au cœur de la santé mentale.